Extraits du journal de voyage de Pierre-Lou Quillard
Lundi 7 mai 2018
Tout commence à l’aéroport, lundi matin. Il est 5 heures du mat. Moi et les 9 autres français qui sont du voyage avons tous la tête dans le Luc….je suis ton père. On participe à un échange avec une Université de Berlin. Nos correspondants sont venus une semaine en février…à nous d’y aller. Le vol est assez rapide: 1h40 environ. A Berlin, il fait beau et chaud (contrepèterie belge). Vivi, amie germano-hongroise en or nous accueille au terminal avec une banderole: „Willkommen in Berlin“ et un cœur gonflé à l’hélium. Y’a pas à dire… ils savent recevoir ces Berlinois(es)! Une demi-heure plus tard, on est assis au soleil, dans des canapés. On prend un café et des pâtisseries typisch Deutsch. Pour moi, bien sûr, un „Berliner“! Petit avant-goût des vacances! Il faut s’imaginer les trois semaines infernales que nous venons de passer à Paris entre grèves, révisions des partiels, blocus de la fac, candidatures et constitution des dossiers de master, épreuves transformées, descentes de CRS, stress, courtes nuits….et on arrive dans une ville ou les gens font des barbecues dans les parcs, boivent des bières de 50cl dans la rue en écoutant de la techno, mangent des kebab à 4h00 du mat, font des karaoké à 800 le dimanche et se baignent dans des lacs en plein milieu de la ville ! Je sens que ça va être une très bonne semaine!
La carte postale parfaite! L’ours de Berlin, le graffiti, les bières… Il faut savoir que si les cadavres de bouteilles traînent dans les rues…c’est parce que les bouteilles en verre sont consignées. Celui qui veut ramener des bouteilles peut gagner un peu d’argent. C’est donc souvent les enfants qui font la chasse aux bouteilles vides, où les SDF qui gagnent ainsi quelques euros….
Plus sérieusement, la journée est crevante. Comme ce séjour linguistique est financé par l’OFAJ (Office Franco-Allemande pour la Jeunesse), on nous impose un nombre d’heure de cours de pratique linguistique franco-allemande en atelier par jour… On commence par une comparaison entre le monde du travail en France et en Allemagne. Je ne vous raconte pas notre état à 18h00. Va parler en allemand du SMIC, de la différence entre CDI et CDD quand tu t’es levé à 3h00 du mat pour être à Orly à 5h00. Le soir, petite balade nocturne dans Berlin Mitte après un pique-nique au bord de la Spree (le fleuve Berlinois). Je dors dans le S-Bahn (le RER Berlinois) au retour. Chez Jonathan, mon corres, je m’effondre sur mon matelas…une seconde et le néant!
Mardi matin, 8 mai 2018. J’ai rêvé en allemand.
On se rejoint à quelques-uns à la Gedächtnis Kirche, une Eglise gothique bombardée pendant la guerre et dont il ne reste que la tour en ruine. Nous sommes près du Tiergarten, l’immense parc situé au centre-ville de Berlin, une vraie forêt dans la ville. Ensuite, c’est la ballade touristique. La première porte de Brandebourg que je vois à Berlin, elle est en légo, puis la Siegesäule, le palais de Bellevue, le Bundestag (anciennement Reichstag) et enfin, la vraie porte de Brandebourg… Nous avons rendez-vous à la Philharmonie de Berlin à midi pour un „Lunch Konzert“.
Après 1h30 de Schuman, on part visiter le mémorial du mur. Visite guidée auf Deutsch sur les traces des anciens murs érigés par les soviétiques pour empêcher la fuite des habitants vers l’ouest. 1961, Berlin-Est se transforme en prison : des miradors tous les 250 mètres, des barbelés avec détecteur de mouvement, un no-mans-land d’une trentaine de mètre gardé par des soldats et des Bergers-allemands… Une parcelle a été conservée en l’état. On a tous déjà étudié le mur au collège ou au lycée, mais d’être sur les lieux, pour de vrai…je vous assure, ça calme! A Berlin, le tracé de l’ancien mur est marqué partout: plaques et lignes au sol, tiges de ferraille dressées, bornes parlantes multilingues, photographies d’époque… Ensuite, nous partons pour le Gendarmenmarkt ou „marché des gendarmes“, des „gens d’armes“, place considéree comme l’une des plus belle de Berlin et qui a été érigée pour les Français. Car l’influence Française à Berlin est immense et ne remonte pas seulement au secteur français durant les deux Allemagnes. D’abord invités durant les guerres de religion du XVème siècle, les Huguenots s’installent et font croître le nombre de la population Berlinoise qui n’est alors que de 6 000 habitants quand Paris en compte déjà plus de 300 000. On leur donne des droits et ont paye leur installation avec les impôts des Berlinois ce qui ne les enchantent pas beaucoup. Le roi leur fait même cadeau d’une Eglise protestante française qu’il fait construire en même temps que le Gendarmenmarkt. Ensuite, au XVIIIe, le français et à la mode à la cour de Frédéric II de Prusse qui y invite notre Voltaire national pendant quelques temps. Napoléon (encore et toujours lui) est lui aussi passé par là. Il a d’abord volé le Quadrige, la statue qui coiffe la porte de Brandebourg, pour le ramener à Paris. Les allemands, revanchards, le remportent chez eux en 1870. Enfin, le secteur français en Allemagne et à Berlin est le fruit de l’acharnement de De Gaulle car rappelons qu’on s’est pris une plumée en 40 et que les ricains ne voulaient pas nous reconnaître comme nation vainqueur de la seconde Guerre Mondiale. C’est finalement nos amis English qui acceptent de nous offrir une grande partie de leur secteur…
Mais passons du coq à l’âne…Dans Berlin, il y a évidemment des voitures mais la Berline phare de Berlin, symbole de l’Est, c’est la Trabant, la „Trabi“ pour les intimes, la seule voiture qui était produite en Allemagne de l’Est, disponible en 4 couleurs et dans sa version Break… N’empêche, 50 ans après, on en croise quelques-unes qui roulent toujours ! Deutsche Qualität!
Mardi soir. Le soleil se couche sur la East Side Gallery, le pan du mur le plus célèbre, réel musée à ciel ouvert. D’abord, une photo de famille devant l’un des plus beaux ponts de Berlin. Ensuite, 1, 2 km de Street Art. On en retient quelques morceaux…
Dimanche 13 mai 2018
…
Puis nous nous rendons ensemble à la dernière visite: le Bundestag, anciennement Reichstag, c’est à dire le parlement allemand. La visite s’achève au sommet de la coupole qui surplombe la chambre des députés ainsi que la ville de Berlin. Coucher de soleil de rêve et dernier panorama sur une ville qui va nous manquer. Les au revoir sont difficiles. On va retrouver Paris, sous la pluie, avec 12 degrés de moins au thermomètre et 1 bus sur 3 qui circule à cause des grèves… Retour au quotidien, au stressant, à l’oppressant. Atterrissage plutôt brusque …l’idylle est terminée.
Auf Wiedersehen Berlin und Bis Bald. Kuss Kuss.
Pierre-Lou Quillard